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Le SAGE met à jour les orientations relatives à la vaccination contre la COVID-19

28 mars 2023 | Communiqué de presse

À l’issue de sa réunion qui s’est tenue du 20 au 23 mars, le Groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination (SAGE) de l’OMS a révisé la feuille de route pour l’établissement des priorités concernant l’utilisation des vaccins anti-COVID-19, afin de tenir compte de l’impact d’Omicron et de l’immunité élevée de la population résultant de l’infection et de la vaccination.

La feuille de route s’inscrit dans la continuité de la priorité accordée par le SAGE à la protection des populations les plus exposées au risque de décès et de forme sévère dus à l’infection par le SARS-CoV-2 et au maintien de systèmes de santé résilients. Elle prend désormais en compte le rapport coût-efficacité de la vaccination contre la COVID-19 pour les personnes à faible risque – à savoir les enfants et les adolescents en bonne santé – par rapport à d’autres interventions sanitaires. La feuille de route comprend également des recommandations révisées sur les doses de rappel supplémentaires et les intervalles entre les doses de rappel. Le rôle des vaccins actuels contre la COVID-19 dans la réduction des affections post-COVID est également pris en compte, mais les données disponibles sur l’étendue de l’impact des vaccins dans ce domaine ne sont pas concordantes.

« Mise à jour pour refléter le fait qu’une grande partie de la population est vaccinée ou a déjà contracté la COVID-19, ou les deux, la feuille de route révisée réitère l’importance de vacciner les personnes toujours exposées au risque de développer une forme sévère de la maladie, principalement les personnes âgées et celles présentant des maladies sous-jacentes, y compris avec des doses de rappel supplémentaires », a déclaré la présidente du SAGE, la Dre Hanna Nohynek. « Les pays doivent tenir compte de leur propre contexte dans leur décision de continuer ou non à vacciner les groupes à faible risque, comme les enfants et les adolescents en bonne santé, sans compromettre les vaccins systématiques qui sont cruciaux pour la santé et le bien-être de cette tranche d’âge. »

La feuille de route révisée définit trois groupes pour la vaccination contre la COVID-19 en fonction du degré de priorité: élevé, moyen et faible. Le degré de priorité est principalement basé sur le risque de maladie sévère et de décès, et tient compte de la performance des vaccins, du rapport coût-efficacité, des facteurs programmatiques et de l’acceptation de la vaccination par la communauté.

Le groupe de priorité élevée comprend les personnes âgées; les jeunes adultes présentant des comorbidités importantes (p. ex. diabète et maladies cardiaques); les personnes immunodéprimées (p. ex. les personnes vivant avec le VIH et les receveurs de greffes), y compris les enfants âgés de 6 mois et plus; les personnes enceintes: et les agents de santé de première ligne.

Pour le groupe de priorité élevée, le SAGE recommande une dose de rappel supplémentaire 6 ou 12 mois après la dernière dose, l’intervalle entre les doses étant défini en fonction de facteurs tels que l’âge et l’état d’immunodépression de la personne. Toutes les recommandations relatives à la vaccination contre la COVID-19 sont limitées dans le temps et ne s’appliquent qu’au scénario épidémiologique actuel; les recommandations concernant les doses de rappel supplémentaires ne doivent donc pas être considérées comme s’inscrivant dans un calendrier annuel de vaccination contre la COVID-19. L’objectif est d’aider les pays à planifier les activités vaccinales à court et à moyen terme.

Le groupe de priorité moyenne comprend les adultes en bonne santé – généralement âgés de moins de 50-60 ans – sans comorbidités et les enfants et adolescents présentant des comorbidités. Pour ce groupe, le SAGE recommande une primovaccination complète et une première dose de rappel. Bien que des rappels supplémentaires soient sans danger pour ce groupe, le SAGE ne les recommande pas systématiquement, compte tenu de leurs bénéfices relativement faibles pour la santé publique.

Le groupe de priorité faible comprend les enfants et les adolescents en bonne santé âgés de 6 mois à 17 ans. La primovaccination et les doses de rappel sont sans danger et efficaces chez les enfants et les adolescents. Toutefois, au vu de la faible charge de morbidité, le SAGE encourage vivement les pays qui envisagent de vacciner ce groupe d’âge à fonder leurs décisions sur des facteurs contextuels, tels que la charge de morbidité, le rapport coût-efficacité et d’autres priorités sanitaires ou programmatiques et les coûts d’opportunité.

L’impact sur la santé publique de la vaccination des enfants et des adolescents en bonne santé est comparativement bien moindre que les avantages avérés des vaccins essentiels traditionnels administrés pendant l’enfance – tels que les vaccins antirotavirus, antirougeoleux et antipneumococcique conjugué – et des vaccins contre la COVID-19 pour les groupes de priorité élevée ou moyenne. Les enfants immunodéprimés et présentant des comorbidités, qui courent un risque plus élevé de COVID-19 grave, sont inclus dans les groupes de priorité élevée et moyenne, respectivement.

Bien que faible dans l’ensemble, la charge de la COVID-19 sévère chez les nourrissons âgés de moins de 6 mois reste plus élevée que chez les enfants âgés de 6 mois à 5 ans. La vaccination des personnes enceintes – y compris avec une dose supplémentaire si plus de 6 mois se sont écoulés depuis la dernière dose – protège à la fois ces personnes et le fœtus, tout en contribuant à réduire la probabilité d’hospitalisation des nourrissons pour COVID-19.

Les pays qui ont déjà mis en place une politique pour les doses de rappel supplémentaires devraient examiner l’évolution des besoins en fonction de la charge nationale de morbidité, du rapport coût-efficacité et des coûts d’opportunité.

Indépendamment de la feuille de route, le SAGE a également mis à jour ses recommandations sur les vaccins bivalents contre la COVID-19, recommandant désormais aux pays d’envisager d’utiliser le vaccin bivalent à ARNm BA.5 pour la primovaccination.

Autres points saillants de la réunion:

Poliomyélite

Le SAGE a évalué les données sur le nouveau vaccin antipoliomyélitique oral de type 2, et a recommandé de privilégier ce vaccin pour la réponse au poliovirus circulant de type 2 dérivé d’une souche vaccinale (PVDVc2), dans la mesure du possible. Il a également recommandé de réduire l’intervalle entre les vaccins à 1 semaine, au lieu des 4 semaines prévues habituellement, pour augmenter rapidement les niveaux d’immunité dans les zones difficiles à atteindre ou sujettes aux conflits. 

Dans les zones où la circulation du poliovirus est persistante, le SAGE recommande que les pays complètent la riposte aux flambées épidémiques par des campagnes supplémentaires utilisant des vaccins antipoliomyélitiques inactivés (doses complètes ou fractionnées).

Rapports régionaux sur la rougeole

L’augmentation du nombre et de l’ampleur des flambées épidémiques de rougeole illustre les répercussions de l’impact considérable de la pandémie sur la vaccination systématique. En 2021, la couverture vaccinale par la première dose de vaccin antirougeoleux était à son plus bas niveau depuis 2008, avec 25 millions d’enfants non vaccinés.

L’augmentation des cas de rougeole dans toutes les Régions de l’OMS en 2022 révèle les difficultés à fournir des vaccins dans les zones de conflit, la faiblesse des systèmes de santé, des priorités concurrentes et un financement insuffisant. La qualité de la surveillance s’est dégradée au niveau mondial pendant la pandémie, bien que l’on constate des signes d’amélioration dans plusieurs pays.

Le SAGE a pris note de la nécessité de revoir les politiques relatives à l’âge d’admissibilité à la vaccination antirougeoleuse afin de permettre un rattrapage vaccinal, d’accélérer le développement et l’utilisation de nouvelles technologies et innovations, et d’examiner les données probantes sur la vaccination des nourrissons âgés de moins de six mois et pendant la grossesse.

Situation des nouveaux vaccins antituberculeux

La tuberculose est l’une des principales causes de décès et il est urgent de mettre au point un vaccin qui prévienne la maladie chez les adolescents et les adultes. Un effort substantiel pour le développement de vaccins est en cours; plusieurs candidats sont en phase finale d’essais cliniques et plusieurs vaccins pourraient recevoir une autorisation réglementaire dans les 3 ans.

Un processus a été lancé pour déterminer systématiquement les besoins en données de recherche qui permettront de prendre des décisions en matière de politique vaccinale et d’introduction des vaccins. Dans ce contexte, le SAGE a fait des propositions pour constituer la base de données probantes concernant un vaccin candidat prometteur contre la tuberculose pour les adultes et les adolescents, le M72/AS01E.

Paludisme

L’introduction du vaccin antipaludique RTS,S a entraîné une réduction substantielle du paludisme grave et de la mortalité toutes causes confondues chez les enfants en âge d’être vaccinés. La demande pour le vaccin est forte. Au moins 28 pays ont exprimé leur intérêt pour l’introduction du vaccin, dont 15 ont déjà soumis une demande officielle de soutien à Gavi ; et plus de 15 demandes supplémentaires sont attendues dans le courant de l’année. L’offre reste très limitée. Le SAGE recommande une certaine souplesse dans le calendrier de vaccination et encourage la réduction de l’intervalle minimum entre les doses 3 et 4 à 6 mois afin d’optimiser l’impact. 

Identification des agents pathogènes prioritaires pour les nouveaux vaccins

L’OMS est en train de définir des cibles prioritaires régionales pour la mise au point de nouveaux vaccins contre des agents pathogènes non épidémiques. Les premiers résultats indiquent que la tuberculose, le VIH et les agents pathogènes qui présentent des niveaux élevés de résistance aux antimicrobiens (par exemple, Klebsiella pneumoniae) sont importants dans toutes les Régions. Streptococcus pyogenes (streptocoque du groupe A), Shigella et le virus respiratoire syncytial (VRS) ont été identifiés comme importants par 4 Régions ou plus, tout comme Plasmodium falciparum par la Région africaine.